11.12.2012

Ce qu'il reste à la fin

Je me sens parfois trop petite pour la vie. Trop osseuse, fragile, frêle et fluette aussi. Il suffit d'un rien pour que je m'éparpille ou que je tombe en miettes. Une âme blanche ou bien bleue pâle, qui ne vit que dans la lumière des matins d'hiver et dans les bulles d'air glacée de décembre. Je frissonne d'émerveillement et les poussières de givre s'échappent et scintillent. Je m'imprègne de ces éblouissements qui m'effleurent, de ces sensibilités qui d'un bruissement d'ailes se révèlent à mes pupilles. Le froid s'infiltre soudainement dans la fêlure. La petite douleur à ma côte brisée étreint, essouffle, le battement de coeur peine. J'ai le souffle coupé. La vie bouillonne dans mes veines.

La vie. Ce frémissement semblerait presque imperceptible. Cette onde troublante, mystérieuse, qui parcourt ma peau et de tremblements, m'agite, m'ébranle toute entière. La vie, comme une nuit endormie, comme une éternité entière sans que quelqu'un ne nous réveille, vienne nous arracher à ce sommeil de rêves. La vie plus ardente qu'une nuit traversée d'éclairs, aussi fabuleuse, splendide, qu'un ciel d'étoiles filantes, merveilles éphémères. La vie, sa profondeur, sa fulgurance, ça me fait vaciller et me monte les larmes aux yeux.

Je sais que nous ne sommes pas qu'un courant d'air, que si la vie abandonne, elle revient toujours. Je sais qu'il n'y a plus aucune raison d'avoir peur désormais. Je sais  que le temps ne se rattrape pas, il file, s'effiloche, se perd et que c'est l'intensité qui perdure. Je sais qu'à la fin il restera les étincelles, les vertiges, la douceur éprouvée lorsque je t'ai rencontré, la sensation des paumes de tes mains dans les miennes.
(La photo est de Lissy Elle, une nouvelle fois. Je ne m'en lasserai jamais.)